Tiger Stripes, un artiste atypique au parcours hors du commun. Il sera au DV1, le vendredi 04.03.16 pour la deuxième résidence de Tutti, en compagnie de JM de Carton-Pâte Records. Merci Mikael d’avoir répondu à nos questions.
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1. Salut Mikael, tu pourrais te présenter rapidement ?
42ans, marié, dingue de techno et de house basé à Stockholm, et père de 2 enfants, et fou de tapis orientaux !
2. Avant d’aborder tes projets, parlons un peu de tes inspirations. Quand on écoute ta musique, on y entend beaucoup de classic house, de funk, de disco et d’inspirations afrobeats. Comment en es-tu donc arrivé à la house ? Quelles furent tes inspirations principales au cours de ta carrière ?
La House est arrivée dans ma vie à la fin des 1980’s, après avoir entendu des types comme Inner City et S’press à la radio. Parmi mes premiers achats figure une série de compilations appelé Deep Heat où on pouvait trouver des trucs assez underground comme les plus gros hits de l’époque, avec des artistes comme Baby Ford, Joe Smooth et Derrick May. C’est également à cette époque que j’ai composé mon premier son en utilisant le synthé Korg M1 de mon école et un ordinateur Atari. Par la suite, après une grosse période axé sur des groupes plus rock comme Stone Roses ou My Bloody Valentine, j’ai commencé à construire une collection de vinyles soul, jazz et disco… Puis je suis devenu DJ et j’ai lancé mon propre club. Par la suite, les tracks de house ont commencé à se faire une place dans mes sets de disco, pour en devenir la base de mes sets… et de ma vie ! La house US et la disco feront toujours partie de ma musique.
3. Tu es à l’origine du premier club house en Suède (GoBang!). Etait-ce difficile d’être pionnier ? Tu decrirais comment les soirées que vous faisiez à cette époque ? N’était-ce pas trop difficile de gérer tout cela alors que tu étais dans le même temps DJ et producteur ?
Il y avait à cette époque à la fois des grande et de petites soirées house à Stockholm, mais on a fait avancé les choses en en faisant tous les weekends, dans un lieu spacieux, où nous ramenions des guests du monde entier, avec un jeu de lumière et un système son digne de ce nom. On a fait des soirées incroyables avec des DJ comme Kerri Chandler, DJ Deep, Marshall Jefferson ou Francois Kevorkian. La liste des DJ est très longue, et on s’est vraiment bien amusé, c’est une très belle partie de ma vie. Mais il y avait également beaucoup de travail et de pression lors des grosses soirées, donc quand j’ai commencé à avoir un peu plus de succès en tant que DJ/producteur, j’ai choisi de plutôt me concentrer sur la production.
4. Tu viens de Suède, mais il n’y a pas de Tigre en Suède ! Pourquoi t’appeler Tiger Stripes ? Penses-tu que la house et la techno révèle la partie animal de chacun de nous ?
J’ai choisi ce nom d’une track de disco que je jouais souvent. Il y a également le vieux symbole appelé « Le tigre de Suède », donc j’ai considéré qu’un tel nom de scène pourrait faire l’affaire. À l’origine, je produisais plutôt de la techno sous le nom D’Malicious, donc Tiger Stripes se voulait être juste un petit projet pour la house et les éléments plus latino. Puis petit à petit, Tiger Stripes s’est imposé comme étant mon projet principal.
5. Tu as collaboré avec Kerri Chandler, en lui faisait la fantastique guitare qui est utilisée dans Mental Moonlight Fiesta. Comment l’as-tu rencontré ? As-tu apprécié travailler avec lui, et as-tu d’autres projets dans le futur avec lui ?
Juste après avoir joué à Go Bang ! Kerri restait quelques jours à Stockholm, je lui ai donc proposé de faire un tour à mon studio. On a fini par travailler tous les deux toute la nuit sur 2 tracks, « Song for Edit » et « Rain Song ». Il m’a également demandé de jouer la guitare dont il avait besoin pour « Mental Moonlight Fiesta ». Je suis très fier d’avoir travaillé avec lui. Il est vraiment très sympathique et gentil. C’est un héros pour moi, sûrement le plus grand.
6. Tu es dans la musique underground depuis un certain temps maintenant. Que penses-tu de son évolution (Internet / Soundcloud / les grands festivals / Les clubs / La hype). Penses-tu que la techno et la house ont perdu leurs racines « underground » ?
Quitter mon quotidien tranquille de graphic designer pour vivre de ma musique n’était pas simple, je n’avais pas beaucoup de gigs en dehors de la Suède et je vivais très majoritairement de mon record shop. Les ventes de vinyles étaient plutôt bonnes à l’époque et je pouvais même gagner jusque 2500€ d’avance sur certains EP. Ces beaux jours sont derrière nous je pense… Aujourd’hui je ne pense même à gagner de l’argent de mes productions, c’est ça le plus grand changement. Aujourd’hui mes revenus viennent avant tout de mes gigs et je gagnerai sûrement encore plus si j’investissais dans un « PR » (public relationship) plutôt qu’en matériel studio. Mais bon, si je dois me forcer à faire des choses que je n’ai pas envie de faire, je préfère tourner le dos au succès. Je me trouve très chanceux de pouvoir vivre de ma musique, et je me sens très bien dans ce milieu là.
7. Tu es aussi papa. Aimerais-tu que tes enfants fassent de la musique ? Ou mieux, aimerais-tu faire de la musique avec tes enfants ? (comme Villalobos par exemple).
Avant d’avoir des enfants, j’adorais l’idée de les voir devenir musiciens ou DJ. Aujourd’hui que je les ai, je n’en suis plus très sûr ! Gagner sa vie en tant que musicien n’est pas toujours simple. Aujourd’hui je veux juste les voir faire ce qui les rendra heureux, et je les aiderai dans tous leurs projet : et s’il s’agit de faire de la house, je les aiderai à faire quelques beats endiablés. Ils sont déjà en partie sur mes tracks, chantant et faisant quelques sons, et je suis certain qu’ils en feront encore partie dans le futur.
8. Qu’aimes-tu manger avant un gig ?
J’étais beaucoup au Mexique récemment, et je suis dingue de leurs tacos. J’ai même fait ma propre commande de Tomatille verte pour pouvoir faire ma propre salsa verde, et vous pouvez même en trouver ma recette préférée sur Facebook. D’habitude, j’aime bien tester la nourriture locale de la ville dans laquelle je joue, et quand je quitte une ville, je veux partir avec le sentiment d’avoir vécu ce que s’y vit.
9. C’est quoi la suite pour toi ?
J’ai pas mal travaillé avec le chanteur Leroy Burgess récemment. C’est une légende de la disco et un de mes chanteurs préférés. Il a fait le vocal pour la track « Body Shake » de mon futur EP sur Truesoul, et également pour la release sur mon propre label house Strange Idols, produite par Reelow. Je commence également un second label techno, nommé Serapi. Les tapis orientaux sont un véritable hobby pour moi, et le Serapi est le nom de la meilleure qualité de tapis persans, tissés dans la cité de Heris, qui est mon type de tapis préféré. De ce fait, n’esperez que la meilleure qualité de musique de ma part dans le futur.
Interview conçue et traduite par Kim Banerjee